Éducation
et dressage
Éduquer
son chien n'est pas ressenti par celui-ci comme une contrainte, une discipline
imposée, quelque chose d'anormal qui va le perturber psychologiquement.
Si cela se produit, c'est soit que l'on punit excessivement l'animal,
soit que l'on dépasse ses capacités naturelles. Mais dans
la majorité des cas, le chien ressent cette éducation comme
l'apprentissage des règles de la vie et du monde extérieur
et comme la maîtrise du cadre relationnel dans lequel il va évoluer.
Pour lui, si cette éducation est correctement menée, c'est
à la fois quelque chose de sécurisant et une occasion de
resserrer ses liens avec son maître. Ces liens sont indispensables
à l'équilibre de tout chien. |
Un
chien correctement éduqué n'est ni terrifié ni névrosé,
mais apparaît au contraire souvent équilibré, gai
et tranquille. Il vient quand on l'appelle, et semble y prendre plaisir
; bien entendu il aime gambader et faire le fou, et il faut lui en laisser
la possibilité, mais il ne rechigne pas à s'arrêter
quand c'est terminé. Un canidé sauvage vit dans une meute où s'entrecroisent des rapports sociaux très divers. Leur non-respect entraîne des sanctions, que le jeune découvre progressivement, d'abord avec l'aide de sa mère, puis avec les autres membres et le chef de la meute. La cohésion et le bon fonctionnement du groupe est à ce prix. Au sein de l'espèce humaine, où une place lui est faite, le chien doit également découvrir à qui il est hiérarchiquement subordonné, quels comportements sont autorisés et interdits. C'est à son maître de l'aider, rôle que les auteurs aiment à comparer à celui de chef de meute. Un canidé découvre empiriquement sa place dans la hiérarchie de la meute en se comparant à ses congénères ; il détermine petit à petit son rôle en étant remis à sa place par d'autres plus dominants que lui-même ou, à l'inverse, en recevant des messages de soumission. Un jeune animal, même doté de fortes tendances dominantes, commence par faire l'apprentissage de la vie sociale dans une position subordonnée ; ce n'est qu'une fois certaines aptitudes acquises qu'il a une chance de postuler avec succès à la première place. Un jeune chien, pour trouver les équilibres correspondant au schéma ci-dessus, doit dès le sevrage sentir qu'il est sous une autorité, et que celle-ci est stable, ferme et compétente pour ce qui est de veiller à la survie du groupe. Il a donc besoin qu'on lui définisse des règles et des interdits pour sentir que son groupe est bien encadré et que lui-même y tient une place précisément définie. |
Un
jeune chien confronté à un maître faible et hésitant
se rendra rapidement compte qu'il y a un vide d'autorité dans son
environnement. Cela le perturbera et l'incitera à postuler lui-même
à la position dominante, et à chercher à vous imposer
sa volonté. En même temps, l'animal étant jeune et
vivant dans un milieu humain qui nécessite des compétences
qu'il n'a pas, il sentira bien qu'il n'est pas apte au rôle de chef
de meute,et cette situation le perturbera encore davantage, ce qui ne
manquera pas de soulever des problèmes de caractère si la
situation se prolonge. Une dernière remarque en ce qui concerne le caractère d'animal social de votre Amstaff. Il implique aussi que la solitude fait du tort à l'animal. Les canidés sociaux ne sont jamais seuls : ils vivent avec leurs congénères pendant toute leur existence. Un chien qui vous attend toute la journée, enfermé, alors que vous êtes au travail, sera inévitablement profondément contrarié, et en souffrira bien plus qu'un chat ou un autre animal (c'est nettement moins vrai si d'autres humains sont avec lui). Cela risque de se traduire par des bêtises ou des défauts de caractère. À vous de prendre cela en compte dans votre décision d'adopter un chien ou pas. |
L'éducation On peut difficilement donner une date concernant le début de l'éducation. Elle commence en réalité dès que vous entrez en rapport avec le chiot, mais vos exigences à son égard doivent rester adaptées à ses possibilités. Le chien comprend très rapidement que les mêmes causes produisent les mêmes effets et, par conséquent, quelles sont les conséquences de tel ou tel acte. En outre, votre compagnon est un animal social, donc apte à communiquer : en vous observant (vos postures, votre degré d'agitation, votre niveau de tension) et en vous écoutant, il perçoit très précisément votre état d'esprit général ; notamment il perçoit si vous êtes satisfait, indifférent, contrarié ou en colère. Cela sera vite associé avec tel ou tel acte. Vous disposez en outre d'une palette de stimuli assez variés auxquels vous pouvez avoir recours. Certains sont « psychologiques » : féliciter le chien quand il a bien agi, lui parler gentiment ou, à l'inverse, le réprimander, hausser le ton, dire « non »... tout cela est ressenti très vivement par un chien qui est lié à son maître. Le « non » est un outil de choix, qu'il faut bien utiliser. Il sert à arrêter net toute action répréhensible, et à sanctionner les bêtises. Il ne doit pas être hurlé, mais dit sèchement et à un niveau sonore légèrement supérieur à la normale ; si le chien l'ignore il faut systématiquement intervenir, éventuellement donner une tape avec un journal roulé. Surtout, ne jamais « laisser courir » après avoir dit « non », car votre Amstaff doit dès le début savoir au moins cela : « non » c'est « non » et vous ne céderez pas. Vous disposez également de stimuli tactiles : caresser le chien, le flatter, le cajoler ou, à l'inverse, ignorer ses caresses, voire lui appliquer un coup de journal roulé... Enfin, il y a les récompenses alimentaires, précieux auxiliaires de l'éducation, mais dont il faut éviter l'abus. Veillez à éviter les sucreries, et le gavage : un petit morceau de biscuit, ou de « saucisse apéritif » en cas de grand succès. L'enfermement peut parfois être utilisé comme sanction, mais c'est une arme à manier avec prudence.Vous pouvez éventuellement enfermer votre chien dans une pièce de type cuisine ou salle de bains, où il ne fera pas trop de bêtises, mais toujours pour un temps limité, et évitez les placards ou cagibis et autres locaux exigus et sans lumière. L'isolement loin de ses maîtres est très perturbant pour un jeune chien. |
Les
bêtises diverses L'énumération des bêtises qu'un chiot peut commettre suffirait à remplir de nombreux volumes, mais un certain nombre de bêtises « classiques » reviennent très régulièrement. La plupart tournent autour de la mastication : un chien explore son environnement en goûtant tout ce qui peut l'être, et en outre il aime à se servir de ses mâchoires. Si vous n'y prenez pas garde, votre chiot s'en prendra d'abord à vos chaussures, puis aux coussins, aux rideaux et à divers autres objets dont certains sont dangereux : les fils électriques, les plantes de la maison (la plupart sont d'origine tropicale et toxiques, notamment le ficus, le caoutchouc, le yucca...), les produits ménagers rangés dans le placard qui ne ferme pas, etc. Face à tout cela, le chiot doit comprendre vite qu'il a ses jouets, auxquels il peut faire subir le traitement qu'il veut, et que le reste est interdit. Cela ne sera acceptable et possible que si vous lui fournissez en contrepartie assez de jouets pour répondre à ses besoins. Faites attention dans le choix de ceux-ci, car la mâchoire de l'Amstaff est très puissante : une balle de tennis, par exemple, ne lui résiste que peu de temps, sans même parler des ballons ordinaires, bien entendu. Les os en plastique vendus par certains détaillants paraissent mieux adaptés ; le sacrifice d'une vieille pantoufle ou chaussure peut également s'avérer nécessaire : imprégnée de votre odeur, elle est bien sûr infiniment plus tentante pour le chien qu'un quelconque bout de plastique. Quand votre chien adopte un jouet (par exemple une bouteille plastique rencontrée en chemin), il est préférable de vous y opposer ; car même s'il est inoffensif, le chien ne doit pas être habitué à se faire des jouets de rencontre : c'est à vous de les choisir. Soyez très attentifs aux jouets des enfants : le chien risque d'en subtiliser quelques-uns, de les faire éclater dans un coin entre ses mâchoires, puis de se blesser avec les esquilles.Face aux bêtises du chien, inévitables, notez-le bien, car il explore son univers et les règles qui le régissent, votre comportement doit être ferme et uniforme. Ne changez pas d'avis sur les principes éducatifs. |
Ce qui est interdit un jour ne doit jamais être autorisé
le lendemain. C'est particulièrement
vrai chez l'Amstaff, qui est un Terrier et qui est donc doté d'un
certain caractère. Votre chiot vous testera, instinctivement, pour éprouver votre « capacité de commandement », et il renouvellera ses tests un grand nombre de fois. Il faut savoir que, selon de nombreux dresseurs, il faut deux fois plus de patience et d'obstination pour obtenir un résultat d'un American Staffordshire Terrier que de certaines autres races, et ce n'est pas une question d'intelligence ! Ne vous découragez donc pas... Vous en serez récompensé au bout du compte. Ne faites jamais l'erreur de lui retirer un jouet un jour et de le lui abandonner le lendemain, ni de lui interdire un canapé ou un fauteuil puis de changer d'avis. L'Amstaff est intelligent et il s'en rendra compte très vite ; il estimera ensuite qu'il lui suffit d'insister pour obtenir ce fermée. Vous perdrez ainsi votre ascendant sur lui, et ce sera lourd de conséquences ! Nous vous recommandons par conséquent de définir dès le début une attitude sur les problèmes suivants et de vous y tenir : - est-ce que le chien a droit ou non aux fauteuils et aux canapés ? - quelles sont les parties de la maison, s'il y en a, qui sont interdites au chien ? - quels sont les jouets du chien? - où le chien doit-il dormir ? - à quelle heure se déroulent les repas du chien ? - le chien peut-il assister au repas du maître et peut-il y quémander de la nourriture ? - le chien a-t-il le droit d'accepter de la nourriture de quelqu'un d'autre que du maître ? Mille autres problèmes surgiront au cours de l'éducation sur lesquels vous devrez prendre position. À chaque fois, pensez que la solution que vous adoptez doit être définitive ; qu'il faudra imposer à vos amis de s'y conformer (les amis tendent à être très tolérants avec les chiens qui ne leur appartiennent pas, car ils veulent gagner leurs faveurs et qu'en outre ce ne sont pas eux qui en supportent les conséquences...). Il faudra aussi les expliquer en détail à toute personne à qui vous pouvez être amené à confier votre chien. |
De
plus il vous faut réfléchir au fait que le chien ne raisonne
pas vraiment. Il ne comprendra pas, par exemple, que certaines choses (comme
les fauteuils) soient interdites quand il est sale, ou quand il y a des
amis, et autorisées le reste du temps. Même si vous êtes
fatigué, que vous avez des soucis, que vous n'en avez pas envie,
faites appliquer les principes que vous avez définis... vous rendrez
service à votre Amstaff comme à vous-même. L'autre règle majeure en matière d'éducation canine, c'est que seul le flagrant délit a une valeur éducative. C'est difficile à admettre, certes, que quand on rentre et qu'on découvre son salon saccagé, on ne puisse rien dire, mais c'est pourtant le cas : punir un chien plusieurs heures après qu'il a fait une bêtise est inutile et perturbant. Vous aurez probablement l'impression que le chien se sent coupable et qu'il se rend en partie compte qu'il a des torts, mais ne vous y fiez pas : votre Amstaff peut très bien être un peu mal à l'aise, sentir que les choses ne sont pas dans l'ordre, sentir que vous êtes très mécontent contre lui et par conséquent avoir une attitude inhabituelle, mais il ne comprendra pas pourquoi il est puni si la chose s'est passée il y a déjà un moment. Il en est de même si le chien fait une bêtise durant une promenade, ne le poursuivez pas en criant et en gesticulant : il se dirait que vous jouez. Sachez aussi qu'après une réprimande ou une punition, il faut laisser passer un peu de temps (quinze ou vingt minutes, par exemple) avant de rejouer avec le chien, de façon à ne pas détruire l'effet de la sanction. Il ne faut pas non plus, cependant, laisser se dégrader trop vos rapports : une fois ce temps écoulé, trouvez un prétexte pour vous réconcilier, emmenez le faire un tour, passez quelques instants avec lui : vous éviterez ainsi les blocages. |
La
sociabilisation Il
faut donc, malgré ces handicaps, réussir la mise en contact
entre votre Amstaff et ses congénères, et lui permettre
d'apprendre les codes de communication en vigueur dans son espèce.
La difficulté est d'éviter que les premiers contacts se
passent mal, voire finissent en bagarre. Le jeune chien, qu'il soit vainqueur
ou vaincu, d'ailleurs, risque de subir alors le syndrome du « deuxième
round », qui lui fera chercher sa revanche de cette première
bagarre avec tous ceux qu'il rencontrera sur son chemin. Cela
marche généralement très bien, surtout si le partenaire
a été bien choisi et se montre serein et coopératif.
Un terrier de type Bull, nous l'avons dit, saura en outre faire comprendre
au jeune quand il dépasse un peu les bornes sans avoir recours
à l'intimidation franche et sans s'énerver. |